Programme "La Nouvelle"

Responsables scientifiques : Yves Iehl et Jean Nimis.

« Fictions de mondes possibles. Sciences, science-fiction, utopie, Histoire dans le récit bref »

La nouvelle est un genre protéiforme qui englobe de multiples formes de narration brève et ne cesse, en particulier à travers le phénomène d’hybridation qui caractérise la littérature contemporaine, de se renouveler et de réinventer ses contours, montrant ainsi sa vigueur et sa vivacité.
L’enjeu de ce séminaire est précisément d’explorer, en adoptant notamment des angles d’approche variés, ce phénomène d’enrichissement et de réinvention permanente qui ne remet pas en cause les caractéristiques d’une écriture fondée sur un principe d’économie mais montre au contraire comment celle-ci se diversifie. Un principe du séminaire a longtemps été d’envisager le « genre » narratif bref dans une optique très souple qui permet d’éviter l’écueil que constituerait une réflexion générique étroite et refermée sur elle-même, mais sans jamais perdre de vue la spécificité d’une écriture qui perdure précisément et paradoxalement à travers les multiples transformations du récit bref. Une démarche essentielle qui confère toute son originalité à une réflexion générique qui, dans le champ des études littéraires, a peut-être perdu en soi une part de son actualité, est en outre de comparer et de croiser la diversité des points de vue et approches des aires géolinguistiques européennes dans une pratique de l’analyse des textes qui s’appuie aussi bien sur des aspects thématiques que sur des perspectives narratologiques, stylistiques et (inter)sémiotiques. Cette perspective comparative, appelée à s’enrichir de regards émanant d’autres espaces culturels (Amériques du Nord et Latine, Asie, Australie), s’est naturellement orientée ces dernières années vers le terrain de l’intermédialité qui est devenu un objet privilégié de réflexion. C’est ainsi dans la convergence et au point de contact de la littérature et des arts visuels, du texte et de l’image, du lisible et du visible qu’ont été en particulier exploré la dynamique propre au récit bref et sa propension à l’auto-régénération et à l’hybridation créatrice. La thématique vers laquelle s’oriente actuellement le séminaire, « sciences, science-fiction, utopies, histoire », est le résultat d’un recentrage sur un domaine littéraire ou se croisent de multiples influences, où notamment la paralittérature rejoint la réflexion philosophique, et où l’anticipation est proche du discours utopique. Il s’agit d’un carrefour ouvert où la créativité inhérente au récit bref ne peut que donner toute sa mesure. L’enjeu est d’explorer et de retracer la façon dont des données ou événements culturels – tels les avancées scientifiques, découvertes, idéologies, utopies ou uchronies – ont non seulement nourri l’inspiration des auteurs mais renouvelé, par leur retentissement dans l’imaginaire collectif, un mode spécifique d’écriture et stimulé l’évolution d’un genre.
De cette façon, ils ont relayé, préparé, annoncé dans la littérature narrative des événements, traumatiques ou euphoriques, et des mutations profondes (par exemple les liens nouveaux qui se sont instaurés entre l’Europe et le Nouveau Monde) qui ont marqué l’histoire européenne.
La prise en compte possible d’aspects historiques et sociologiques multiples ancrera la thématique « sciences, science-fiction, utopies » dans une perspective culturelle et justifiera son ancrage dans les thèmes connexes de la ville et de l’histoire.