Fictions de mondes possibles

Responsables scientifiques : Yves Iehl (Creg) et Jean Nimis (Il Laboratorio).


► Présentation
Le programme s’était précédemment focalisé sur le « genre » de ce qu’il est convenu d’appeler «la nouvelle » dans l’espace européen du XXe siècle. Après avoir exploré les spécificités des formes brèves, puis le lien entre récit bref et image, il s’est intéressé durant ce quinquennal à la poétique des formes brèves dans le cadre de la littérature de science-fiction et d’anticipation.

Dans le domaine littéraire, le concept de « science-fiction » est plus qu’une thématique ou qu’un genre. Il est à entendre au sens large comme une littérature qui, tout en faisant appel à l’imagination, est fondée sur l’exploitation du thème scientifique dans le récit, et qui donne lieu, par le biais de concepts comme l’utopie, la dystopie ou l’uchronie, à une réflexion sur les implications multiples (sociale, philosophique, écologique, biologique) des progrès scientifiques et techniques pour le devenir de la société humaine. De ce fait, l’expression anglo-saxonne de « speculative fiction », à savoir « fiction spéculative » est a priori plus adéquat.

Dans le cadre du projet, la science-fiction en littérature a été envisagée ici sous l’angle spécifique du récit bref, une forme qui n’a pas toujours eu les faveurs du public, notamment dans certains pays, mais qui présente un net intérêt poétique à cause de caractéristiques propres comme, par exemple, l’implicite ou la « rapidité » (l’une des caractéristiques proposées par Italo Calvino dans ses Leçons Américaines, publiées en 1985).

La particularité du séminaire a été de se placer dans une approche interdisciplinaire qui permet de confronter les perspectives, les traditions, les discours critiques, mais aussi et surtout les singularités ou les affinités de différentes aires culturelles et géo-linguistiques. Dans les « formes brèves » ont été pris en compte non seulement les récits littéraires en tant que tels, mais aussi les récits graphiques (bande-dessinée, roman graphique) et cinématographiques (séries télévisuelles, courts-métrages).

Les périodes retenues ont été les XXe et XXIe siècles, compte tenu des thèmes et des aperçus scientifiques de la science-fiction dans le monde actuel, où l’imagination est souvent rattrapée par la réalité. Ce cadre temporel a été pris en compte car il était intéressant de voir quelles périodes historiques (ce qui a été évoqué avec l’expression « lignes de crête historiques » en 2015-2016) ont été plus particulièrement fécondes en récits faisant appel à la science-fiction, autorisant ainsi des questionnements sociologiques, philosophiques et historiques (les moments de « crise » historique ayant en particulier engendré tel ou tel autre type de récit).

Outre les spécificités liées à des moments historiques remarquables, il a été intéressant d’essayer de voir comment la tradition de la forme brève en science-fiction s’est constituée et a évolué au fil des XXe et XXIe siècles. Le cas d’une perméabilité particulière entre les genres narratifs brefs et longs a également été souvent observée, ce qui a permis d’entrevoir le processus créatif de certains auteurs, quelquefois à partir de leurs propres déclarations (Alain Damasio, Jean-Claude Dunyach).

Enfin, les séances de séminaire et les journées d’étude ont permis de s’intéresser également à l’inventivité particulière du récit bref au plan linguistique, au fil de l’abord d’auteurs de différentes aires (Amériques, Europe, Asie, Afrique).

La transdisciplinarité du programme s’est construite avec la participation d’enseignant·e·s-chercheur·e·s de quelques-uns des laboratoires toulousains de Lettres et Langues (CAS, CEIIBA, LLA-Créatis, Il Laboratorio) et de doctorant·e·s et d’étudiant·e·s de Master Recherche appartenant à différentes composantes et disciplines de l’université de Toulouse (Langues, Lettres, Cinéma, Théâtre), ainsi que des participants extérieurs français (Bordeaux, Caen, La Rochelle, Marseille, Paris) et étrangers limitrophes (Bologne, Lausanne).


► Manifestations
Trois journées d’étude ont eu lieu respectivement en 2015, 2016, 2017 à l’Université Toulouse Jean Jaurès :
- le vendredi 29 mai 2015 : (In)déchiffrables futurs. Sciences et image des sciences dans le récit bref dans l’espace européen et au-delà.
- le jeudi 9 juin 2016: Retours sur horizons : transitions  et ruptures historiques au miroir du récit bref de science-fiction et  d'anticipation.
- le jeudi 8 Juin 2017 : Altérité et étrangeté dans le récit bref de science-fiction.
Une journée d’étude a été organisée le 29 mars 2019 par le laboratoire CEIIBA en collaboration avec l’institut IRPALL, portant sur une thématique autre que la science-fiction proprement dite : Écritures cyborgiennes : cinéma genre et politique, mais dont le contenu faisait intervenir ledit genre.


► Publications
- IEHL Yves, NIMIS Jean (dir.), Territoires du récit bref. De l'image dans la fiction à l'imaginaire en science-fiction, Fabula « Colloques en ligne », Juin 2017.