Penser la traduction

Responsables scientiques : Antonella Capra (Il Laboratorio), Solange Hibbs (LLA-Creatis) et Nathalie-Vincent Arnaud (CAS).


► Présentation
Ce programme intitulé « Penser la traduction » a pour finalité d’aborder la traduction dans des espaces géographiques et linguistiques différents ainsi qu’à des époques diverses. Il s’agit d’une réflexion ouverte aux apports de l’interdiscursivité pluridisciplinaire. La traduction en tant qu’activité complexe et multiforme suscite l’intérêt de chercheur·e·s et de spécialistes dans des domaines aussi divers que la linguistique textuelle, la psycholinguistique, l’analyse du discours, la littérature, l’histoire des idées et de la culture. Aux cours des dernières décennies, les études sur la traduction en tant qu’activité (la traduction est une médiation), et en tant que résultat (la traduction en tant que produit fini et la critique des traductions) mais aussi en tant que réflexion sur les discours qu’elle génère, occupent une place de moins en moins marginale et circonscrivent un champ d’étude à part entière. Dans ce champ de recherche, il s’agit de penser la traduction non pas en fonction de critères préétablis par une autre discipline mais en fonction de la spécificité qui est la sienne.

Le programme « Penser la traduction » a été l’occasion d’organiser des conférences avec des intervenants extérieurs, des rencontres entre auteur·e·s, traducteurs et traductrices et chercheur·e·s en lien avec les laboratoires de recherche et en synergie avec des Masters recherche et professionnalisants (Master des métiers de la traduction du CETIM, Master recherche Etudes Romanes, Master Recherche en Etudes Anglophones). Il s’agissait aussi d’affirmer la spécificité et l’intérêt du point de vue épistémologique d’un domaine encore insuffisamment reconnu au niveau universitaire. Une des retombées attendues était précisément de réfléchir à la place des langues et de la traduction dans le champ des sciences sociales. En effet en s’enfermant dans les frontières d’une langue unique, les sciences en général, et plus précisément les sciences sociales, renoncent à leur créativité scientifique fondée sur la diversité linguistique et culturelle. À un moment où le tout anglais occupe une position hégémonique, il nous a semblé que ce programme pouvait stimuler une réflexion sur les langues, sur les transferts de connaissances et sur la circulation des textes dans une approche pluridisciplinaire. La diversité des langues assure le maintien d’une diversité des traditions intellectuelles ainsi que des différents modes de pensée et d’énonciation. Pour cette raison nous avons souhaité l’héberger et le développer au sein de l’IRPALL, une structure fédérative fondée sur la pluridisciplinarité.

Des prolongements possibles de ce programme seraient d’ouvrir les réflexions ancrées dans le champ pluridisciplinaire et interdisciplinaire à des disciplines autres que les disciplines littéraires (histoire de l’art, musicologie, critique littéraire) et communément regroupées sous le chapeau de sciences humaines : anthropologie, sciences de la communication, études culturelles, études sur le genre, géographie, histoire psychologie, sociologie. Un travail collectif, sous forme d’ateliers et de Journées d’Etude portant sur les défis de la traduction et du transfert des termes et des concepts partagés par des communautés de chercheur·e·s ou des groupes spécifiques permet d’étendre la réflexion sur les langues et les cultures au sein de l’institution universitaire tout en favorisant un dialogue entre des disciplines différentes et en revalorisant le rôle de la traduction et de ses médiations.

Le programme « Penser la traduction » a constitué une expérience unique et novatrice en termes d’interdisciplinarité et de réflexion collective sur les enjeux des médiations culturelles en général. Il convient de souligner que les thématiques abordées sont souvent en lien avec certains autres programmes hébergés par l’IRPALL (cinéma, opéra et musique) et que la réflexion sur la traduction, ses pratiques, ses enjeux et les médiations qu’elle suscite peut constituer un espace de partage transversal et pluridisciplinaire fructueux.


► Manifestations
Parmi les manifestations scientifiques, nommons :
- La Journée d’étude consacrée à « Traduction et mémoire », le 23 avril 2014 avec la participation d’une traductologue et traductrice de l’Université d’ Ottawa et des collègues des sections d’Allemand et du département d’Anglais  (Hilda Inderwildi et Nathalie Vincent-Arnaud) ;
- La Journée d’Études consacrée à la traduction théâtrale et intitulée « Traduire ensemble pour le théâtre », organisée par Antonella Capra et Catherine Mazellier-Lajarrige en 2015. L’expérience développée au sein des cours de traduction théâtrale du CETIM en partenariat avec le festival de théâtre étudiant de l’Université Toulouse-Jean Jaurès et les PUM (Presses universitaires du Midi) a été le point de départ d’une réflexion sur la traduction collective au théâtre. L’expérience de collectifs de traduction parisiens et toulousains comme Hermaion, La langue du bourricot ou L’atelier des Niguedouilles, a permis d’approfondir la portée et les enjeux de cette pratique de la traduction et aux défis qu’elle doit surmonter en fonction de ses modalités : ponctuelle ou conjoncturelle, prise en compte des facteurs économiques et pédagogiques, possibilités offertes par les outils numériques (réseaux, blogs, forums). La publication des Actes a été accueillie en 2016 dans la revue électronique La main de Thôt.
- Les Journées d’Étude des 3 et 4 novembre 2016, « Corps et traduction, corps en traduction » organisées par Solange Hibbs, Adriana Serban et Nathalie Vincent-Arnaud avec l’IRPALL et en partenariat avec les laboratoires FRAMESPA (UMR5136), le CAS (EA 801) (Université Toulouse-Jean Jaurès), laboratoires et EMMA (Université Paul Valéry, Montpellier3), laboratoires qui ont participé au financement de ces Journées ainsi qu’à l’ouvrage qui en est issu. Ces Journées ont également bénéficié du partenariat de l’Université de Salamanque dans le cadre de son projet Violence symbolique et traduction, financé par le Ministère de la Culture espagnole, projet auquel participe Solange Hibbs. Des universitaires et traducteurs-rices de plusieurs pays ont participé à cette manifestation : Université de Sherbrooke, Université de Varsovie, Université de Salamanque, Université Shujitsu au Japon, Paris-Sorbonne, Université de Montpellier 3.


► Mise en lien du programme avec des paternaires étrangers et institutionnels
Le programme « Penser la traduction » a constitué un formidable levier pour créer et renforcer des liens avec des partenaires extérieurs dans le cadre de projets européens dans le domaine de la traductologie.

Plusieurs séminaires ont été organisés avec la participation de chercheur·e·s étranger·ère·s et de professionnel·le·s de la traduction :
- en 2014, un séminaire international sur « La Traduction : Pratiques, enjeux et défis » a été organisé avec la prestigieuse Ecole des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez de Madrid) et plusieurs séances réparties en janvier, février, mars et avril 2014 ont été consacrées à l’histoire et l’historiographie de la traduction, l’invention du médiateur et les représentations du traducteur en littérature, à l’écran et au théâtre, aux langues nationales et à la traduction, à la traduction-création, traduction-écrivante.
- en 2015 le premier séminaire international sur la traduction et la traductologie organisé en 2014 s’est prolongé avec la mise en place d’un atelier de traduction collective les 18, 19 et 20 novembre centré sur certaines œuvres de la poète et académicienne espagnole Clara Janés.

La plus grande visibilité de la traductologie au sein de notre université a été possible grâce à l’organisation avec l’IRPALL des Grandes conférences : conférence d’Yves Chevrel, Professeur à l’ Université de Paris-Sorbonne sur « Les traductions : objets de quelle(s) histoire(s) ? », le 24 janvier 2014 et la conférence de Lieven D’Hulst, Professeur en traductologie et littératures francophones à l’Université Catholique de Louvain sur « Histoire de la traduction et sciences humaines ; quel dialogue et quelle finalité ? », le 4 novembre 2015.

Ont également été associés à ce programme
- Le CETIM (Centre de traduction, d’interprétation et de médiation linguistique) dont la revue La main de Thôt a diffusé les informations et les comptes-rendus de certaines manifestations.
- Le laboratoire LLA-CREATIS
- Le laboratoire FRAMESPA (UMR 5136) qui a participé au financement des Journées d’études des 3 et 4 novembre 2016 ainsi qu’à la publication de l’ouvrage Corps et traduction, corps en traduction.
- L’équipe de recherche du CAS (Cultures Anglo-Saxonnes, EA 801).

Parmi les partenaires extérieurs, mentionnons la Société française de traductologie (SoFt), la Société Française des Hispanistes (SHF) et les Universités Pompeu Fabra et Barcelona Autónoma ainsi que celle de Salamanque dans le cadre du projet européen Mineco/Feder FFI2015-66516-P sur « Violence symbolique et traduction les défis de la représentation des identités fragmentés dans une société mondialisée ».


Publications
- Traduire ensemble pour le théâtre, La Main de Thôt, revue en ligne, no.4
- HIBBS Solange, SERBAN Adriana, VINCENT-ARNAUD Nathalie (dir), Corps et traduction, corps en traduction ; Limoges, Lambert-Lucas, 2018
- NUR SULTAN Lisa, Fuorigioco, Hors-Jeu, trad. de Frédéric Sicamois et Stéphane Resch, PUM, 2017

► Partenaire
"La main de Thôt" est une revue scientifique multilingue de l’Université de Jean Jaurès; sa publication est annuelle. Elle émane du Centre de Traduction, Interprétation et Médiation linguistique (CETIM), qui forme des professionnels de la traduction, et reflète la volonté d’interdisciplinarité de plusieurs chercheurs et laboratoires de l’Université, qui s’y rencontrent autour d’une réflexion commune sur les pratiques et les théories de la traduction.